dimanche 12 février 2012

expo "Prisonniers du Soleil" (2010)


Prisonniers du Soleil est le 2nd volet du programme « Érudition Concrète » proposé par Guillaume Désanges, commissaire invité à concevoir un cycle d’expositions au Plateau. Ce cycle interroge les liens entre art et savoirs autour de certaines pratiques contemporaines. S’inscrivant dans la continuité de La Planète des Signes, Prisonniers du soleil a cette fois-ci comme fil conducteur l'architecture, et ses extensions utopiques, sensuelles et politiques.

Prisonniers du Soleil s'articule autour d'une production spécifique de l'artiste américain Corey McCorkle. Ayant suivi une formation en architecture, Corey McCorkle développe notamment un travail sur les liens entre utopie, modernisme, fonctionnalisme et ornementation, fondé sur des recherches et nourri de lectures, mais dont les traductions plastiques s’avèrent effectivement sculpturales ou filmiques sans jamais être documentaires. Nourrissant un intérêt pour les structures désertées, les traces d’utopies en faillite et les brouillages temporels que proposent certains monuments, Corey McCorkle replace ces éléments concrets dans un réseau de références où se mêlent symbolisme, poésie, rituels hallucinatoires et souffle mystique.[…]


Prisonniers du Soleil est une exposition construite sous la forme d'un soleil, dont le Désert de Retz serait le foyer, rayonnant des motifs que l'écriture progressive de l'histoire a considérés trop facilement comme contradictoires, alors qu'ils sont issus d'un même noyau fusionnel.
Corey McCorkle explore ces zones temporelles, topographiques, éthiques et esthétiques troubles, où les grandes téléologies historiques (classicisme, modernité, postmodernité) apparaissent brouillées. Tout comme les dichotomies simplificatrices : fonctionnalisme / ornementation, courbes / angles droits, transparence / opacité, nature / artifice, sensualité/ raison, pensée / poésie, sujet / objet, Lumières / obscurantisme, émotions / savoirs, etc.[…]

Prisonniers du Soleil est une exposition d’ambiance, d’atmosphère historique et esthétique plus que circonscription thématique. Il m'a paru intéressant de développer cette réflexion à partir de travaux d'artistes, notamment parce que l'on a noté dernièrement dans l'art de nombreuses revisitations des grandes utopies des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, périodes visionnaires et enthousiastes observées au travers de leurs pendants ésotériques (magie, spiritisme, sociétés secrètes). Un régime volontaire du mélange, de l'hybridation et de la révision des dogmes, qui manifeste certainement quelque chose de l'esprit du temps. […]" - Guillaume Désanges : critique d’art et commissaire d’exposition.

Le Désert et la symbolique maçonnique
Dans le cas du Désert de Retz, des liens avec le parcours initiatique de la franc-maçonnerie sont souvent évoqués puisque de Monville comptait parmi ses relations de nombreux francs-maçons. Julien Cendres et Chloé Radiguet donnent une interprétation maçonnique de certaines fabriques du Désert : elles seraient des stations sur le chemin de la connaissance que l’initié doit parcourir. Le Rocher, qui constitue l’entrée du domaine, figurerait le passage obligé entre le monde « du dehors » et « du dedans » et correspondrait à la première « station » du chemin figuré de la Connaissance. La « Colonne Détruite » serait le symbole de la mort brutale d’Hiram Abif et de l’inachèvement du temple de Salomon. Selon un ordonnancement précis, se succèderaient plusieurs fabriques représentatives de différentes civilisations ou pensées philosophiques et religieuses : le Temple au dieu Pan, le Tombeau, la Tente, la Maison chinoise et petit pavillon attenant, le Théâtre découvert « sous un berceau de grands ormes », le Petit Autel presque ruiné, le Temple du Repos, l’Ermitage, l’Obélisque en tôle peinte et l’Eglise gothique ruinée. La Glacière en forme de pyramide, métaphore de la perfection maçonnique, marquerait l’aboutissement de cette quête de « la vérité par la connaissance universelle, la communion de la pensée et du cosmos ».[…]

Exposition Prisonniers du soleil | Prisoners of the sun
Érudition concrète 2
Frac Île-de-France - Le Plateau Espace d’exposition
11 mars – 9 mai 2010

Une production de Corey McCorkle autour du Désert de Retz
et
Antichambre (avec des oeuvres de Anna Barham, Louidgi Beltrame, Pablo Bronstein, Isabelle Cornaro, Hubert Duprat, Dan Graham & Robin Hurst, Zoe Leonard, Edgardo Navarro, Céleste Olalquiaga, Jean Painlevé, Hubert Robert, Félicien Rops).

Source textes : Frac Île-de-France - Le Plateau Espace d’exposition (dossier de presse et journal de l'exposition) | http://www.fracidf-leplateau.com

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